Pauline, Fabienne et moi faisons un petit détour : étang frissonnant, maisons fumantes, lumière irisée du matin et c’est la douceur du miel de Cathy qui nous indique l’entrée de « Camp-secret ». L’accueil est fait de chaleur souriante et nous mène, après le seuil aux marches rondes
de la meule d’autrefois, dans la chaleur de la maison.
Car aujourd’hui, ça caille, les amis, certaines sont bloquées avec voitures et clés gelées. Alors la grande table, le café chaud, les ptits gâteaux, les retrouvailles revigorent cœurs et… ventres ! Pauline m’avait bien dit qu’un « Tiss’amical », c’est mon premier, était aussi un « Déguste’Amical »…La journée va devenir un grignotte-plaisir sous l’égide de Mère Poularde et de sa boîte fabuleuse !
Le tour de table va nous entraîner dans le jardin… secret, bien sûr, de chacun et de chacune. Que celles que je ne cite pas me pardonnent, la flemme d’un dimanche landais en est la cause… Vous verrez, plus on descend dans le sud, plus les fils s’emmêlent autour des doigts… palmés, je deviens cane landaise… J J J Les autres se reconnaîtront et, si vous le désirez, je peux citer les noms, à quoi bon ?
L’une, avant de créer, se pose et se ressource dans son nouveau jardin, y puise les dessins pour entourer les reins de ceintures pas en crin… c’est malin, c’est coquin !
L’autre, disons, modeste, se plaint de ses « erreurs », à la bonne heure ! L’étoffe est intuitive, ça vibre beau et vert. C’est un champ de printemps plein d’œillets et de roses dont les franges-bouclettes au bord de l’horizon coulent en ruisseau d’ couleurs pour rêver dans les fleurs !
L’une désire créer du sens, tisser dans les rencontres, chercher le moi profond logé sous le sur-moi de la raison annexé au sous-moi de la passion J J Jet qui, de fil en fil, recrée le doux , léger moi de l’inspiration !
L’autre, à la chaleur du poêle scotchée, nous fait voyager dans les matières et les projets : fils, argiles moulés, céramiques sculptées, tout pour le plaisir et la pensée, multipliés par les jeunes années !
L’une nous entraîne aux fils magiques des « tailles démocratiques » : les femmes infidèles peuvent en vitesse se rhabiller à la Dagobert, toutes les mailles sont en droit et en… vers ! L’enchanteur de ses couleurs lui est tombé dessus, tel un fougueux « gardien d’vaches » sur son destrier gallo-romain…Et la maille chante bel et bien, précise, exquise, si peu indécise : les machines de jadis mènent encore grand train dans sa mémoire… Peut-être nos oreilles et nos mirettes, les statues noires baignant dans la lumière de l’évier en pierre ont-elles aidé à tourner, du moins feuilleter une page de ce passé ?
L’autre ouvre délicatement une page d’enfance, tapie dans l’innocence d’un gai…. tapis –tableau : un paysage danse tendrement entre fables à lire, contes à écrire. Et, un ptit loup gris sort de la bergerie, à pas feutrés, bien sûr !
Car l’une et l’autre piquent et repiquent et collent et gramment, tuilent et malaxent, bourrent la laine, oui, gentes dames,! L’aiguille perfide et dentelée sculpte chapeaux, colliers douillets, colifichets, manches légères aux doigts d’lingères. Le feutre est roi aux pays froids, marrie le bois, il faut du bras au canevas !
L’une pique et coud, colle et applique, tout à la main, en mosaïque. Son regard fond et cherche au cœur de chaque étoffe une aventure, une réponse à sa question : au grain du fil qu’elle partage, elle laisse vivre tous les mirages !
L’autre surprend en brun et blanc, c’est chaud-colat, c’est stupéfiant !
C’est un début, c’est promettant ! De l’est à l’ouest elle est venue, porter, nomade, cette tenue : étole brune au beau sillage de sable nu !
L’une nous ouvre son panier plein d’écheveaux, de fils nattés, de fils de lait, de fils de soie, et d’alpaga, et d’angora, et c’est la joie ! Que de douceur dans les couleurs, les quat’saisons déboulent au cœur de la maison ! Et nous touchons, nous caressons, et nous goûtons, ou gloutonnons les pelotons sans les matons!
L’autre délie au lin joli le désarroi : c’est Haïti…En jours, en rouge, en clair, en vert, en fils-pudeur, en fils sensibles, à pleine fibre, elle exorcise, elle médite, elle conjure : une tenture laisse perler les émotions à contre-jour, c’est une épure…
Voici mon tour !Mon ptit portrait j’ai apporté, c’est un visage en acacia, tissé d’nuages ou d’continents, voilà, voilà… »La tête dans les nuages » l’ai appelé . On m’dit souvent que j’tisse des rêves… Nature, émois… et moi aussi j’ai l’impression qu’ça m’tombe dessus, j’sais pas comment !
Et entre-temps nous avons mangé, nous avons bien bu, et puis causé et décausé, et demandé bons procédés de tes beignets bien relevés… hein Pauline … ! Les ateliers nous visitons : presses à papier, métiers, ruchers…J’avoue que j’suis aller fumer dans le jardin tout détrempé, avec Tita j’ai échangé quéqu’ ptites pensées , et la visite je l’ai zappée…pour la moitié, vous voudrez bien m’en excuser…
Le vieux moulin livre ses secrets, des vies patientes à écouter chanter les mots, les assembler et les presser, les relier, filer la laine, la dévider, la faire chanter pour le meunier ! Mais le temps presse, nous nous…pressons, le jour décline, il faut rentrer !
La Mère Poularde a bien œuvré, chacun, chacune est reparti avec au cœur tous les trésors d’une journée, belle accomplie !
Depuis, j’espère, ma chère Cathy, que tes cuillers a recompté, ce fut l’seul stress de la tablée !
Je remercie Anne F. pour sa plume qui nous a tissé ce sympathique compte rendu !
L’autre, à la chaleur du poêle scotchée, nous fait voyager dans les matières et les projets : fils, argiles moulés, céramiques sculptées, tout pour le plaisir et la pensée, multipliés par les jeunes années !
L’une nous entraîne aux fils magiques des « tailles démocratiques » : les femmes infidèles peuvent en vitesse se rhabiller à la Dagobert, toutes les mailles sont en droit et en… vers ! L’enchanteur de ses couleurs lui est tombé dessus, tel un fougueux « gardien d’vaches » sur son destrier gallo-romain…Et la maille chante bel et bien, précise, exquise, si peu indécise : les machines de jadis mènent encore grand train dans sa mémoire… Peut-être nos oreilles et nos mirettes, les statues noires baignant dans la lumière de l’évier en pierre ont-elles aidé à tourner, du moins feuilleter une page de ce passé ?
L’autre ouvre délicatement une page d’enfance, tapie dans l’innocence d’un gai…. tapis –tableau : un paysage danse tendrement entre fables à lire, contes à écrire. Et, un ptit loup gris sort de la bergerie, à pas feutrés, bien sûr !
Car l’une et l’autre piquent et repiquent et collent et gramment, tuilent et malaxent, bourrent la laine, oui, gentes dames,! L’aiguille perfide et dentelée sculpte chapeaux, colliers douillets, colifichets, manches légères aux doigts d’lingères. Le feutre est roi aux pays froids, marrie le bois, il faut du bras au canevas !
L’une pique et coud, colle et applique, tout à la main, en mosaïque. Son regard fond et cherche au cœur de chaque étoffe une aventure, une réponse à sa question : au grain du fil qu’elle partage, elle laisse vivre tous les mirages !
L’autre surprend en brun et blanc, c’est chaud-colat, c’est stupéfiant !
C’est un début, c’est promettant ! De l’est à l’ouest elle est venue, porter, nomade, cette tenue : étole brune au beau sillage de sable nu !
L’une nous ouvre son panier plein d’écheveaux, de fils nattés, de fils de lait, de fils de soie, et d’alpaga, et d’angora, et c’est la joie ! Que de douceur dans les couleurs, les quat’saisons déboulent au cœur de la maison ! Et nous touchons, nous caressons, et nous goûtons, ou gloutonnons les pelotons sans les matons!
L’autre délie au lin joli le désarroi : c’est Haïti…En jours, en rouge, en clair, en vert, en fils-pudeur, en fils sensibles, à pleine fibre, elle exorcise, elle médite, elle conjure : une tenture laisse perler les émotions à contre-jour, c’est une épure…
Voici mon tour !Mon ptit portrait j’ai apporté, c’est un visage en acacia, tissé d’nuages ou d’continents, voilà, voilà… »La tête dans les nuages » l’ai appelé . On m’dit souvent que j’tisse des rêves… Nature, émois… et moi aussi j’ai l’impression qu’ça m’tombe dessus, j’sais pas comment !
Et entre-temps nous avons mangé, nous avons bien bu, et puis causé et décausé, et demandé bons procédés de tes beignets bien relevés… hein Pauline … ! Les ateliers nous visitons : presses à papier, métiers, ruchers…J’avoue que j’suis aller fumer dans le jardin tout détrempé, avec Tita j’ai échangé quéqu’ ptites pensées , et la visite je l’ai zappée…pour la moitié, vous voudrez bien m’en excuser…
Le vieux moulin livre ses secrets, des vies patientes à écouter chanter les mots, les assembler et les presser, les relier, filer la laine, la dévider, la faire chanter pour le meunier ! Mais le temps presse, nous nous…pressons, le jour décline, il faut rentrer !
La Mère Poularde a bien œuvré, chacun, chacune est reparti avec au cœur tous les trésors d’une journée, belle accomplie !
Depuis, j’espère, ma chère Cathy, que tes cuillers a recompté, ce fut l’seul stress de la tablée !
4 commentaires:
Si certains participants souhaitent récupérer des photos de ce Tiss'amical, n'hésitez pas à m'en faire la demande.
Quel récit ! Quelle poésie ! Merci ! J'ai pris plaisir à le lire et j'ai aimé la journée que j'ai passé à Campsegret ; qui ont mis tous mes sens en éveil ! A bientôt, Fabienne
Ah ! Terrible....je suis allée vite et j'e fee dais fotes daurtaugrafe....grrrrrrrrr......
Un grand merci pour ces belles photos et ce texte magnifique!
Je n'ai pu les regarder que plusieurs semaines plus tard et me voilà repartie en ce dimanche de janvier... encore merci à tous et toutes!
Enregistrer un commentaire